On ne gagne pas à tous les coups! C’est ainsi que je puis d’emblée plier tout espoir et résumer le test de cet Acer PD1520i. Même si la référence de projecteur indiquait pour les connaisseurs de la marque qu’il ne s’agissait pas d’un appareil conçu pour le home cinéma, je nourrissais malgré tout quelques espoirs de le mettre en œuvre dans une salle de projection à la lecture de ses caractéristiques : source lumineuse à LED à forte puissance et longue durée de vie, support 4K HDR, Gamut large, etc. Après en avoir fait le tour, il n’en est rien et si les résultats visuels sur une source 1080p peuvent encore donner une illusion, le rendu HDR10 est l’un des plus mauvais qu’il m’ait été donné de tester pour l’heure. à la lecture des résultats obtenus vous comprendrez aisément pourquoi je ne me suis pas attardé sur ce modèle.
PRÉSENTATION
En septembre 2018, j’avais pu m’entretenir avec la charmante cheffe produit sur le stand de la marque à l’IFA de Berlin. à l’époque elle m’avait annoncé l’arrivée de toute une gamme de produits LED à forte luminosité et laser chez Acer. Le PD1520i est donc le premier modèle LED de cette nouvelle génération à se retrouver dans mon salon.
Il s’agit d’un vidéoprojecteur DLP de résolution native 1080P équipé d’une puce DMD 0.47 en Dark Chip 3 et positionné à un tarif de 899€ plutôt intéressant (même à 900€ c’eut été également attrayant ;-). Il a également pour particularité d’avoir une source lumineuse basée sur 3 diodes LED (RVB) et annoncée avec une puissance de 2000 lumens et une durée de vie de 30 000 heures (mode économique).
Le nouvel Acer s’inscrit dans la lignée des « smart projectors » comprenant un lecteur médias intégré et un petit haut-parleur qui permettent de s’affranchir de toute source externe pour projeter des vidéos ou documents. Ce projecteur DLP est également livré avec un dongle de liaison Wifi.
Autre caractéristique intéressante et à l’image des Acer V6520 et Optoma HD29H, le PD1520i propose une compatibilité avec les signaux 4K HDR-10. Il ne projette pas en UHD mais va venir faire une mise à l’échelle descendante à sa résolution native 1080P.
TOUR PHYSIQUE
Ce nouveau projecteur LED prend la forme d’une boîte aplatie de couleur nacre. Son bloc optique est décentré et protégé par un cache en plastique qu’on retire à la main. Il ne dispose d’aucun zoom physique et c’est donc la position de l’appareil qui va déterminer la taille de l’image. Un zoom électronique est par contre disponible mais il détériore trop la résolution pour être réellement utile en utilisation home cinéma. Il est possible d’obtenir une base d’image de 2m50 au format 16/9ème avec un recul de 2 mètres. Le focus est lui réglable grâce à une bague présente autour l’objectif.
Pour bien positionner l’image dans le cadre d’écran, on peut recourir au pied rétractable placé sous le centre de l’appareil. Et dans le but de corriger les éventuels défauts de géométrie, un dispositif de keystone électronique est présent et se montre plutôt efficace.
Sur la partie supérieure de la coque siège un panneau de commandes. Il vient en complément d’une zappette au format carte de crédit ne disposant d’aucun éclairage et dont l’étroitesse du rayon d’action en énervera plus d’un.
Le panneau de connectique comprend une seule prise HDMI au format 2.0 HDCP mais il ne faudra pas oublier d’activer le support 2.0 dans les menus car par défaut elle est configurée en 1.4 (ce qui ne permet pas de faire transiter les signaux 4K HDR). Le PD1520i est également 3D Ready avec des lunettes DLP-Link à acquérir en supplément.
MENUS
L’austérité reste de mise dans la forme et les options disponibles. Les réglages de colorimétrie usine sont répartis de la manière suivante : « cinéma, photo, éco, lumineux, pc, sRGB, HDR, 3d. Les deux derniers ne s’activent qu’à la détection d’un signal correspondant.
Vous ne disposez d’aucune mémoire utilisateur mais chacune des sélections usine est éditable. En revanche, si d’aventure vous envisagez de calibrer ce projecteur, sachez qu’il ne dispose d’aucun réglage de la température de couleurs (Gain, Bias) ; seuls 3 modes sont définis « chaud, froid et moyen ». La gestion du Gamut par le biais d’un Color Management System est également absente ainsi que tout éditeur de Gamma. Dans ces conditions, il est illusoire d’envisager de pouvoir calibrer finement ce projecteur. Pour régler l’image vous n’aurez à votre disposition que les classiques tels : « luminosité, contraste, netteté, teinte et saturation ».
N’espérez pas trouver un traitement vidéo élaboré ; le PD1520i ne dispose d’aucune aide à la fluidité et encore moins d’une lecture automatisée des métadonnées HDR.
La partie médias est limitée au lecteur de fichiers et vous ne disposez pas d’un magasin d’applications au contraire de ce que vous pourriez trouver dans un projecteur JmGO ou Xgimi. Ceci étant, il est possible de diffuser vos fichiers directement depuis votre PC, téléphone ou tablette sans fil grâce au Dongle Wifi fourni.
VERDICT TECHNIQUE
Bruit de fonctionnement :
Petite digression dans la partie consacrée à l’analyse du bruit dégagé puisque nous voilà au stade de la mise en marche : un des avantages de la technologie LED est de permettre d’obtenir une image presque immédiatement à l’allumage de l’appareil. Et puis, l’extinction de l’appareil n’exige pas de temps de refroidissement. Dans ces conditions et après ce rappel, le PD1520i s’avère discret, collant presque aux valeurs constructeur avec 31 dB mesurés en mode économique et 35 dB en mode pleine puissance (sonomètre placé à 50cm).
Il faut également noter que le mode économique ne peut pas être forcé ; c’est la sélection du mode de couleurs qui déterminera la puissance de fonctionnement, tout comme l’activation du Brilliant Color qui n’est pas disponible en permanence.
Piqué et netteté :
Second point positif, la précision de l’image est au rendez-vous malgré la petite taille de l’objectif et le positionnement tarifaire de l’appareil. Mes mires de précision sont reproduites finement sans double contours ou traces d’aberrations chromatiques.
Fluidité :
Si je salue la précision d’une image fixe, il n’en va pas de même dès que le mouvement apparaît et tout particulièrement dans les travellings. L’absence d’aide à la fluidité pénalise le nouvel Acer avec des ralentissements et une image qui perd en précision, signes d’un judder marqué.
Artefacts vidéos/défaut de cadre lumineux :
Le PD1520i est équipé d’une puce DMD 0.47 de Texas Instrument… et ce doit être une des premières versions car l’image du projecteur est entourée de ce satané et désagréable cadre lumineux maintes fois maudit. Avec un tel niveau de distraction visuelle, il n’est pas possible d’espérer visionner un film dans de bonnes conditions. Seule solution, le Prozac ! … ou à défaut arriver à dissimuler ce cadre dans les montants obscurs (et obligatoirement larges) d’un écran.
Input lag :
L’acer PD1520i ne dispose pas d’un traitement vidéo élaboré et c’est plutôt un beau point dans le domaine de la réaction puisque le retard à l’affichage est limité à 33 ms en 1080p. Cette valeur fait partie des bons niveaux et le projecteur à LED peut donc être envisagé pour une utilisation Gaming avec des jeux en réseaux qui nécessitent un temps de réaction rapide.
Overscan :
La mire d’overscan Burosch permet de s’assurer qu’avec le positionnement du zoom à + 100 %, aucune partie de l’image n’est rognée. Elle démontre également avec les stries visibles dans le rectangle central de droite que le mapping 1:1 n’est pas réalisé malgré la réception par le projecteur d’un signal de la résolution de son format natif.
Luminosité et contraste :
Le constructeur annonce 2000 lumens et un contraste de 1 000 000:1. Hum-hum ! nous en sommes bien loin ! Avec des couleurs justes, le PD1520i atteint 720 lumens. Cette valeur lui permet d’éclairer un écran au format 16/9ème de 2m70 de base avec une luminance de 16 fL (1080P SDR). Concernant le HDR pour lequel est préconisée une luminance de 26 fL il faudra réduire ses ambitions à 2m15.
Il faut toutefois souligner que la luminosité perçue reste plus forte avec un projecteur à LED qu’avec un projecteur classique en raison de l’effet Helmhotz-Kohlrausch (son principe a déjà été expliqué dans plusieurs tests passés… disons que c’est comme l’effet gloss pour le lipstick ! 😉
Le contraste est lui à l’avenant des valeurs déjà relevées pour une puce 0.47, soit 411/1 après calibration ; n’espérez pas regarder dans de bonnes conditions la bataille de Winterfell avec ce petit Acer ! … Optez plutôt pour Men In Black.
Colorimétrie et gamma :
Faute de réglages adaptés, il n’est pas possible de calibrer finement l’Acer PD1520i. Heureusement, le mode « Cinéma » permet d’obtenir une colorimétrie naturelle en sortie de boîte. Il faudra par contre appliquer quelques corrections aux valeurs de luminosité et de contraste pour redescendre un gamma positionné trop haut, en l’occurrence à 2.4.
Le Gamut profite de l’utilisation des LED en proposant un espace de couleurs dépassant les valeurs de références HDTV à 119,4 % du Rec. 709 et atteignant 88 % du DCI-P3.
Pour les signaux HDR, le constat est encore plus sombre… en fait non il n’est même pas sombre car le PD1520i affiche une image HDR sans aucune profondeur et avec des couleurs délavées. Seule solution pour lui redonner un léger éclat : abaisser la luminosité à +1 et positionner le contraste à + 15.
VERDICT SUBJECTIF
Avec des programmes 1080P SDR, le petit Acer LED peut encore donner le change sur les scènes de jour.
Sur mes passages de Lucy, James Bond et de Fury, il fut possible d’obtenir dans le mode « Cinéma » une image avec des couleurs naturelles et une bonne précision.
Les choses se gâtèrent dès que la nuit tombu, tombi, tomba ou quand surviendirent, heu… arrivèrent des travellings trop rapides, avec au choix une mauvaise lisibilité des scènes nocturnes ou une image en mouvement contrariée par l’absence d’aide à la fluidité.
En 4K HDR, il est va être difficile de trouver aussi mauvais car il n’y a rien dans ce projecteur à LED qui permette d’afficher une image Ultra Haute Définition HDR10 dans de bonnes conditions.
Sans retouches, l’image est laiteuse avec des couleurs délavées et après correction de la luminosité et du contraste je n’ai réussi à améliorer la situation que dans le domaine de la profondeur d’image. Voici le résultat comparatif sur la même scène avec notre projecteur de référence, le BenQ W5700 :
CONCLUSION
Après ce test, comment vous conseiller ce projecteur dans le cadre d’une utilisation home cinéma !? Il faut toutefois rappeler que ce n’est pas son objectif premier. Néanmoins, on pouvait fonder quelques espoirs à la lecture de ses caractéristiques sur le papier, spécifiquement dans les domaines de la luminosité et de la gestion 4K HDR. Mon enthousiasme et ma curiosité auront été rapidement froidement douchés à la découverte de l’image projetée par l’Acer PD1520i. Dans ce contexte j’ai hâte de passer à autre chose et j’attends avec impatience de découvrir dans mon environnement un candidat 4K à LED spécialement conçu pour la projection à domicile, à savoir le ViewSonic X10-4K.
J’ai apprécié :
Je regrette :
9 Commentaire(s)
Horreur et déception ((Il n’est pas meilleur que le vieux projecteur Benq CH100 . Mais le modèle Benq bientôt 4-5 ans.
Un grand merci pour le test, mais c’était couru hélas ! A noter de que du vénérable M-Vision Cine Led au X10 de Viewsonic, tous les dlp led sérieux ont un volume relativement imposant.
” l’effet gloss pour le lipstick ! ”
Ou “l’effet brillant pour le rouge à lèvre” ! Le sens est certes légèrement différent mais au final, c’est aussi bien non ? 😉
Merci greg pour cet test et comme prévu on est loin des 2000 / 3000 lumens annoncé. En espérant que le X10 soit enfin le projo LED que l’on attend, avec un bon contraste dynamique. Je commence a avoir peur qu’il ne soit qu’un clone de l’optoma UHL55 avec une luminosité faible et un contraste tout aussi faible… Wait and see.
Bonjour nicopaco, ce n’est pas un clone de l’Optoma que j’ai déjà testé, il est facile de s’en rendre compte en regardant les dimensions et l’emplacement de l’objectif.
Salut Greg , merci une fois de plus pour ce test toujours instructif malgré une conclusion moyenne . J’attends un plutôt un fight entre le Philips SCREENEO S6-4K et le Viewsonic X10-4K en espérant que l’un deux obtiendra le GOLD AWARD PHC.FR . Sais tu quand est ce que le philips sera dispo à la vente .
A la fin du mois.
Salut greg,encore merci pour ce test.on y voit beaucoup plus clair du coup,dommage il avait du potentiel sur le papier
Bonjour Gregory,
Il y a un test de prévu sur le ACER PL1520i ?
Je vois un videoprojecteur laser 4k à un prix tres abordable et je suis surpris de ne trouver aucun test sur ce produit.
Merci pour ton retour, bonne journée.