Après avoir été franchement séduit par la version chinoise Fengmi S5, j'attendais beaucoup — peut-être trop — de cette version internationale estampillée Formovie. Avec ses menus en français, son support natif de Netflix, et sa promesse de compatibilité totale, le S5 global avait sur le papier tout pour plaire. Mais voilà : quand on gratte un peu sous la surface, c’est un tout autre film qui se joue… et pas un chef-d'œuvre.



Côté ergonomie, rien à redire. Le menu est clair, en français, on navigue facilement entre les sources et les applications. Netflix est même directement accessible sans passer par des manipulations exotiques ou des boîtiers tiers. Bravo sur ce point.



Mais malheureusement, l'emballage ne suffit pas. Ce qui compte, c'est l'image. Et là... c’est un plongeon dans l’eau glacée sans bouée de secours.
En sortie de boîte, l’image est bleutée, froide, presque chirurgicale. Cela pourrait se corriger normalement, avec un peu de patience et un bon matériel de calibration. Mais Formovie a eu la brillante idée de supprimer les outils essentiels pour rectifier le tir : pas de CMS (Color Management System), pas de réglage de l’échelle de gris. Rien. Nada.

Résultat : impossible d'ajuster les couleurs pour obtenir une image naturelle et équilibrée. Même avec un spectro haut de gamme, on reste enfermé dans cette esthétique polaire.
Voici un aperçu de mes mesures réalisées :

À noter : les températures de couleur flirtent systématiquement avec les 9800K contre 6500K recherchés, et les valeurs DeltaE culminent autour de 10, traduisant de grosses erreurs visibles à l’œil nu. Le gamma est, lui aussi, inconstant selon les modes, accentuant la sensation d'une image déséquilibrée.


Mais la vraie descente aux enfers commence avec le dithering. Pour rappel, le dithering est une technique qui permet aux projecteurs DLP de faible profondeur de couleur de simuler des dégradés en trichant visuellement. Cela passe par l’ajout d’un bruit aléatoire sur l’image pour masquer les manques de nuances.
Le problème ? Ici, ce n’est plus un outil discret, c’est un véritable feu d’artifice de fourmillements visibles à l’œil nu, particulièrement dans les noirs et les dégradés de ciel. Résultat : au lieu d’une image propre et cinématographique, on se retrouve avec une toile animée de bruit numérique qui perturbe constamment l’œil du spectateur.
Voici un exemple photographique du dithering clairement perceptible sur le S5 :



Même sur des sources de qualité, en 1080p natif , ce bruit parasite détruit toute tentative d'immersion. C’est l’exact contraire de ce qu’on attend d'une projection home cinéma.
Comme si tout cela ne suffisait pas, Formovie a aussi poussé le curseur de la netteté à +10 par défaut. Sur le papier, cela pourrait sembler une bonne idée pour dynamiser une image un peu molle. Mais en pratique, c’est une catastrophe visuelle supplémentaire.
Le gain de netteté artificiel provoque :
Associée au dithering déjà omniprésent, cette suraccentuation transforme littéralement l'image : elle devient troublée, artificielle, presque numérique dans le mauvais sens du terme. Le réalisme s'évapore, remplacé par une sorte de vitrine technologique bancale.




L’image paraît comme "grattée", "poussiéreuse" et fatigante à suivre au bout de quelques minutes seulement.
Habituellement, je passe plusieurs jours sur un test de projecteur, en essayant divers réglages, diverses sources, pour lui laisser toutes ses chances. Mais là, le Formovie S5 version globale m'a tellement déçu que j’ai réduit volontairement la durée de mon évaluation.

Face à autant de défauts fondamentaux (couleurs fausses, bruit visuel omniprésent, netteté forcée, absence d’outils de calibration), la messe était dite en quelques heures. Ce n’était même pas la peine de continuer plus longtemps : ce modèle ne mérite pas qu'on y consacre davantage de temps.
Le Formovie S5 international est l'exemple parfait d'un produit "castré" dans son passage à la version globale. Trop édulcoré, mal réglé, sans possibilités de correction, il s’adresse à un public peu exigeant... mais certainement pas aux passionnés de belle image.
À ce stade, difficile de lui trouver une circonstance atténuante. Malgré un design réussi et quelques fonctionnalités pratiques, le fond prime sur la forme : c’est un modèle qui dénature les films et fatigue rapidement le spectateur.

Sans aucune hésitation, c’est un carton noir mondoprojos. Et cette fois, il n’y aura même pas de séance de rattrapage.
Si malgré tout ces obstacles vous envisagez d’acheter le Formovie S5, il est disponible à 498€ via ce lien affilié (avec le code promo NPS5).
10 Commentaire(s)
Je termine ma semaine sur une note désagréable mais
ça devrait changer pour le début de celle qui arrive ;). Petit teasing mondoprojos classique 😇
Oui quel dommage (scandale) comment peut-on se rater à ce point ? La base technique étant bonne et éprouvée, ce qu’on attends d’une version internationale est de respecter cette base, éventuellement l’améliorer et la rendre compatible firmware/software avec Google TV ou autre OS maison ayant plusieurs langues et les licences des applications Netflix, etc… Évidemment ces améliorations plus ajouts licences plus garantie viendraient augmenter la valeur et encore plus le prix. Encore une fois, on a un produit inférieur, à la qualité visiblement dégradé pour un prix supérieur 😡 Et une nouvelle démonstration qu’il vaut mieux attendre ton test avant d acheter… Cela a déjà été relayé sur Dealabs, tu as sûrement évite des déceptions à des dizaines de personnes ! 👍
Incroyable
Moi qui allais demander si on pouvait espérer flasher le firmware de cette version internationale sur nos Fengmi S5… bah si c’est au détriment de tout le reste, on verra plus tard 😀
Peut être y’aura t’il une mise à jour corrigeant tout ces problèmes 😢
Bon, ben j’arrive trop tard ! j’ai acheté ce Wemax S5 en pensant qu’il serait similaire à la précédente version testée ! Si j’avais attendu un peu … j’ai lâché 500 € pour un carton rouge. J’ai plutôt les boules. Comme l’a dit nZxT dans le dernier commentaire : plus qu’à espérer une mise à jour.
Je ne comprends pas la différence entre ISO Ainsi Lunens. Le Fengmi S5 était lui à 1000 lumens, on a donc que la moitié de la luminosité avec ce modèle international ?
Oui, quand on compare les deux tableaux entre le S5 et celui-là, cette luminosité est divisée par deux. Il semble que les perfs optiques entre les deux appareils ne soient plus les mêmes. Sans compter les réglages des paramètres qui ont aussi disparus ! Extérieurement les mêmes, intérieurement différents. Incroyable que ces deux appareils testés donnent des résultats aussi différents … pourquoi ont-ils tout voulu changé ???
Carton rouge WEMAX S5 : Etant propriétaire de 2 FORMOVIE S5 (dont je suis vraiment satisfait), je ne peux donc plus rien conseiller (dans les mêmes prix) à mes amis, ravis après les démonstrations convaincantes. On ne peut vraiment rien espérer de la part du fabricant ? J’imagine que la déception de Greg n’est pas unique … Les possesseurs du WEMAX doivent se rendre compte de ses défauts ?
Quel autre modèle « lifestyle » peut rivaliser avec l’image laser du S5 ?
Grand merci à Greg pour son expertise.
@Olbom. Je suis déçu de ce vidéo même si je suis pas un expert comme Greg, mais l’image est vraiment pas top. Surtout que, question réglages, on a que dalle ! Concernant le son, les HP du vidéo crachotent mais c’est normal vu la dimension de l’appareil. Et en le connectant à une enceinte Bose en Bluetooth, impossible de faire monter le volume ! Ils ont dû brider qqc… Bref ! grosse déception. J’ai envoyé un mail au fabricant concernant le test du Wemax S5 fait par Greg mais aucunes nouvelles à ce jour. Je ne peux qu’attendre une maj à la condition qu’ils en fassent une qui tienne la route !
Affaire à suivre …