Test Optoma ML1080ST DLP 1080p triple laser à courte focale

Le petit nouveau d'Optoma est le premier projecteur triple laser à courte focale du marché. Jusqu'à présent, ce type de source lumineuse était surtout présent sur des UST et récemment sur des modèles à optique moyenne distance comme la série Hisense C1 ou encore le JmGO N1 Ultra.

Optoma lance donc sa propre déclinaison dans deux références : le M1080 (rapport de projection fixe de 1.2) et le ML1080ST que je vais tester aujourd'hui (rapport de projection de 0.78).

C'est donc avec curiosité et intérêt que j'ai débuté mon tour d'horizon de ce nouveau jedi triple laser !

De quoi s'agit-il ?

La miniaturisation des puces DMD offre la possibilité de les intégrer dans des projecteurs de plus en plus petits. Dans le ML1080ST, on retrouve une version de 0.23″, la plus petite actuellement disponible dans le secteur du home cinéma.

Le constructeur met en avant sa résolution Full HD 1080p mais ce n'est pas vraiment le cas. Elle ne possède en fait qu'une résolution native de 960 points par 540 pixels et elle va venir émuler une résolution full HD en projetant, de manière successive et décalée, à très haute vitesse, tous les éléments d'une image 1080p. Ce système baptisé XPR (Pour eXtended Pixel Résolution) est également mis en œuvre dans tous les projecteurs DLP à émulation 4K actuels.

Ce choix technique aide à la miniaturisation (Le projecteur pèse 1 kg pour des dimensions réduites 157 x 135 x 68mm) mais visuellement ce n'est pas le meilleur pour la définition et le piqué d'autant que les ML1080/ST sont compatibles 4K HDR10/HLG avec mise à l'échelle descendante. La 3D n'est en revanche pas à son bord.

Sa source lumineuse à triple laser Rouge Vert Bleu est annoncée avec une puissance lumineuse maximum de 1200 lumens et un contraste dynamique de 3 000 000:1 (Personne n'y croit. Pourquoi est-ce qu'ils persistent à communiquer sur ce niveau absurde de contraste?).

Vous connaissez tous les avantages attendus d'une source triple laser comme le Gamut extra large et la longue durée de vie (30 000 heures) mais aussi son principal inconvénient, la présence de fourmillements sur fonds clairs, le speckle laser.

Sa petite taille doit permettre de l'utiliser en déplacement mais il n'est pas équipé d'une batterie interne.

Le ML1080ST est commercialisé à 1199€ et est déjà disponible chez vos revendeurs.

Tour physique

Petit boîtier rectangulaire blanc, la grandeur de l'image projetée par le ML1080ST sera liée à sa position car son bloc optique est fixe (sans zoom). Avec un rapport de projection de 0.78, il est en capacité de diffuser une image de 2m23 de base avec un recul de 1m50.

Pour surélever l'appareil, un pied escamotable est placé sur la coque et vous pouvez aussi utiliser un pas de vis pour le fixer sur un trépied.

L'appareil est livré avec une sacoche de transport. Son bloc d'alimentation en électricité est externe, vous pouvez l'apercevoir en premier plan de la photo ci-dessous.

Le zoom est électrique et il intègre le système Time-of-Flight (ToF) qui offre une correction automatique de la géométrie et de la mise au point. Le trapèze électronique intervient sur quatre angles.

Pour les liaisons physiques, vous avez à disposition une prise HDMI 2.1 et une USB-A1.5A, , 1 USB-C  et 1 USB-A power 0.5A. Les sorties comprennent 1 x USB-C, 1 x Audio 3.5mm

La petite télécommande blanche infra rouge nécessite d'être bien positionnée en direction des capteurs pour fonctionner, je préfère la solution Bluetooth dans ce domaine, mais celle-là a un avantage : elle bénéficie d'un rétroéclairage bien pratique dans le noir de la salle de projection.

Un petit dongle additionnel à connecter en USB rend l'appareil compatible avec les réseaux Wifi. Un haut -parleur de 3W est placé sous la coque .

Menus

Une page d'accueil avec 8 vignettes permet d'avoir accès aux différents paramètres de l'appareil. Ses fonctions smartTV sont réduites au minimum avec un lecteur médias (médiocre, tant pour la vidéo que pour l'audio) et un navigateur internet. Un magasin d'applications est proposé mais je ne peux que vous recommander de privilégier une box ou un stick de streaming externe.

Passons aux options images. Les modes usine sont plutôt nombreux « cinéma, vif, HDR, HLG, jeu ,lumineux, WCG, AIPQ , Présentation ».

J'ai été surpris de constater que ce modèle dispose d'un mode d'interpolation d'images avec 3 niveaux d'intervention. Il est aussi équipé d'un option de contraste dynamique.

Pour le reste, je suis désolé mais je vais faire l'inventaire de ce qu'il manque : pas de gestion précise de la température de couleurs 2 ou 11 points, pas d'éditeur de Gamma, pas de CMS.

Les signaux HDR sont pris en compte et un réglage spécifique de luminosité est proposé. Plusieurs niveaux de Gamma sont proposés et 3 températures de couleurs « standard, froide et très froide ». Autant vous le dire tout de suite : ce projecteur ne pourra pas être calibré finement.

La puissance des laser est déclinée en 3 niveaux « lumineux, éco et super éco. ».

Pour le Gaming, un mode jeu dispose d'une fonction ALLM qui réduit le niveau de lag.

Verdict technique

Bruit de fonctionnement et qualité du système sonore intégré :

Le mode lumineux est le seul que vous utilisez avec ce projecteur si vous voulez obtenir une image digne ce de nom. Le mode économique rend le projecteur quasiment inaudible mais la perte en luminosité est telle que personne ne l'utilisera. Avec la pleine puissance, mon sonomètre relève un niveau de bruit de 39,2 dB à 50 cm de l'appareil, ce qui est plutôt élevé.

Le petit haut-parleur de 3W a bien du mal à convaincre, le son est étouffé et sans précision. Mieux vaut le relier à un système externe.

Consommation électrique :

Sur une mire totalement blanche à 100 IRE, je mesure 43,2W de consommation d'électricité. C'est très bien et même inférieur aux besoins d'un projecteur à LED. Ce chiffre trouvera son explication dans la partie dédiée aux mesures de contraste et de luminosité avec une puissance lumineuse réelle mesurée qui est bien loin des 1200 lumens annoncée.

Piqué et netteté :

Dans un monde d'images 4K, j'avais fini par oublier ce qu'était l'effet de grille sur un projecteur, le ML1080ST vient de me le rappeler. La petite puce 0,23 rend le découpage inter pixels perceptible. L'image du ML1080ST est donc loin d'offrir un lissé et une précision qu'on peut retrouver sur d'autres modèles. Cela reste de la simulation Full HD.

Fluidité :

Rien à dire à ce sujet. Même sans l'interpolation d'images, le judder ne m'a pas dérangé. L'interpolation d'images est bien gérée avec peu d'effets secondaires visibles. Reste une impression accrue de fluidité qui pourra en gêner certains (mais pas moi).

Input lag :

Avec l'option ALLM active, l'input lag qui est normalement de 63,2 ms de retard est abaissée à 23,5 ms sur un signal 1080p60hz. Avec un retard réduit je ne peux que recommander ce projecteur pour les Gamers.

Overscan et bordure grise de l'image :

Si la mire de cropping est bien reproduite intégralement, elle est accompagnée sur les bords d'une partie grise plus large que celle présente sur les puces DMD 0,47 avec 4 centimètres mesurés.

Speckle laser :

Le speckle laser ou tavelure est le défaut visuel le plus gênant lié à la mise en œuvre de trois lasers sans le filtre d'une roue au phosphore. Dans le cas du ML1080ST, il se montre aisément perceptible sur les fonds clairs ou sur une image totalement noire. On a alors l'impression d'avoir un grésillement ou fourmillement dans l'image. Rares sont les projecteurs triple laser à en être épargnés mais sur l'image du ML1080ST, c'est très marqué comme vous pouvez l'apercevoir sur le cliché ci-dessous (image tirée du film Jeanne Du Barry).

Colorimétrie et Gamma :

Je l'ai indiqué dans la partie dédiée aux menus : le peu d'options de réglages de l'image disponibles ne permettent pas de calibrer finement le ML1080ST. Heureusement les concepteurs de cet appareil ont bien appris leur manuel de colorimétrie car certains modes usines sont proches des valeurs de références dès la sortie de boîte. C'est le cas de la sélection « WCG » pour je suppose « WIDE COLOR GAMUT » ou en français « espace de couleurs large » qui colle aux références DCI-P3 avec un point blanc à 6485K et un écart deltaE de 3.3. Avec son Gamma placé à une moyenne de 2.21, nous frisons le sans faute !

C'est donc ce mode avec la pleine puissance du laser que je vous recommande d'utiliser.

Contraste et luminosité :

J'ai décidé d'enrichir mon tableau récapitulatif de mesures par une colonne dédiée au niveau de noir atteint par chaque projecteur testé et mesuré en cd/m2. Je pense également y adjoindre la même mesure à côté de leur équivalente en lumens pour la luminosité maximum de chaque mode. Cela permettra de bien départager chaque modèle sur leurs niveaux de contraste.

Le contraste natif avec des couleurs justes du ML1080ST atteint 939:1. C'est doublement mieux que le Xgimi 4K ultra récemment testé et cela garantit un meilleur rendu des scènes nocturnes que la solution hybride LED/Laser développée par Xgimi. L'Ansi est de 71:1. Tout ceci pour un niveau de noir de 0.08/cd/m2

Avec la luminosité, nous sommes moins à la fête. Mais où sont donc passés les 1200 lumens promis par le constructeur ? Au mieux, je relève 92 cd/m2/570 lumens. Et oubliez les modes économiques qui font chuter la luminosité aux alentours de 100 lumens !

Dans ces conditions, il faudra se limiter à une taille d'écran 16/9ème maximum de 2m25 pour conserver une luminance de 16 fL et 1m76 en 4K HDR pour obtenir 26 fL. Malgré ses capacités HDR/HLG, ce projecteur n'est pas adapté pour les signaux à haute dynamique par l'effet conjugué des ses faiblesses dans les domaines de la résolution et de la luminosité.

Avis subjectif

Si vous mettez de côté les programmes 4K HDR, le petit ML1080ST est à même de fournir une expérience SDR intéressante pour un appareil de ce gabarit. Je ne posterai aucune photo sur cette partie, car une nouvelle fois, la photographie de l'image d'un projecteur triple laser entraîne souvent une dominante rouge qu'on ne retrouve pas sur l'image à domicile.

J'ai passé mes extraits favoris de Fury (Blu-Ray 1080p). La densité de l'intérieur du char est bien rendue par le bon contraste du nouvel Optoma et j'apprécie également la bonne restitution des tons chair grâce à la justesse de la colorimétrie dans le mode WCG.

La saturation des couleurs bénéficient du plus large espace couleurs qu'offrent les lasers et en restant cantonné à une base d'image inférieur à 2m20 , vous bénéficierez d'une belle dynamique.

Les seuls points qui m'ont chagriné pendant la diffusion, ce sont l'effet de grille et le speckle laser. Je n'aborde pas les sources 4K HDR pour les raisons évoquées plus haut dans la partie « contraste et luminosité ».

Conclusion

Un mini-test pour un tiny-projecteur ! Il faut souligner la prouesse technique d''avoir intégré un module triple laser dans un appareil de ce gabarit mais au-delà, ce qui nous intéresse au premier chef, c'est l'expérience visuelle de cinéma à domicile procurée par le ML1080ST. Je retiens en point fort principal, le bon étalonnage de ses couleurs dès la sortie de boîte et un contraste supérieur à ceux des concurrents triple LED. Le niveau d'input lag réduit et la bonne fluidité complètent l'inventaire de ses avantages.

Comme toute médaille a son revers, il faudra vivre avec un speckle laser trop présent et une puissance lumineuse qui réduit la taille des écrans qui peuvent lui être associé.

L'Optoma ML1080ST doit être vu comme un projecteur d'appoint pour les vacances et les déplacements. Dans ce contexte, il faudra sérieusement envisager de lui adjoindre une enceinte externe et un stick de streaming en mettant de côté les alternatives proposées par le constructeur.

J'ai apprécié :

• Le petit format,
• La justesse des couleurs en sortie de boîte,
• Le contraste,
• La fluidité,
• L'input lag.

Je regrette :

• Une résolution full HD émulée et non native,
• Le speckle laser trop présent,
• La luminosité limitée,
• Un prix trop élevé.

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