Dans l'offre actuelle de vidéoprojecteurs à petit budget, il existe peu de modèles qui ne sont pas des DLP. Les marques proposant des appareils à moins de 500 € ont une forte propension à se tourner vers les puces à micro miroirs de Texas Instruments. Cela pose problème pour les personnes sensibles aux effets arc-en-ciel générés par cette technologie. Toutefois, des modèles LCD, tels que ceux proposés par Wanbo et Dangbei, commencent à émerger, et aujourd'hui, c'est Formovie, via sa branche Xming, qui nous présente une nouvelle référence baptisée Page One (499 € avec une offre de lancement à 399 €).
Xming correspond à une collection d'appareils d'entrée de gamme lancée par le constructeur chinois Formovie. Le Page One est un vidéoprojecteur LCD doté d'une résolution native Full HD et éclairé par une source lumineuse à base de LED. Malgré mes demandes, le constructeur n'a pas fourni d'informations techniques sur le panneau LCD et le type de LED utilisés.
Il utilise un panneau LCD avec une résolution native Full HD, une luminosité de 300 lumens et un contraste natif de 2000:1. Son bloc optique motorisé permet une gestion du focus à distance via la télécommande, simplifiant ainsi l'ajustement pour une netteté optimale de l'image. Un système sonore Boston Acoustics de 2x5W prend en charge la diffusion sonore de vos programmes.
Doté d'un rapport de projection de 1.25:1, le Xming Page One s'adapte facilement à différents espaces de projection. Son format compact permet de l'emporter avec soi grâce à sa mallette de transport (207.4 x 190.5 x 127.4 mm pour un poids de 2,07 kg). Ce modèle ne dispose pas de zoom optique, donc sa position déterminera la taille de son image. Sa prise HDMI 2.1 lui permet de supporter les signaux 4K HDR et HLG avec une mise à l'échelle descendante. De plus, sa certification Netflix et l'accès au magasin d'applications Google Store élargissent ses fonctionnalités, offrant ainsi un accès étendu à du contenu en ligne et à une variété d'applications.
Le Page One est commercialisé en Europe par Formovie avec des menus et des options adaptées au marché français et européen, évitant ainsi d'être un modèle d'importation parallèle avec des menus uniquement en mandarin et en anglais.
La forme rectangulaire verticale avec le large bloc optique en position haute rappelle les modèles similaires chez Dangbei (Emotn) ou encore Wanbo. Sous la coque, on trouve un emplacement pour fixer la tête d'un trépied.
La coque est grise. À l'arrière, la partie dédiée à la connectique comprend une prise HDMI 2.1, un port USB-A, une prise casque, ainsi que la prise pour le bloc d'alimentation externe. On regrettera la taille de ce dernier qui, une fois de plus, viendra handicaper son caractère nomade. Il peut également être connecté en Wifi 2,4/5G et Bluetooth 5.0.
Le vidéoprojecteur est équipé de deux haut-parleurs de 5 watts avec une compatibilité Dolby Audio. L'appareil se pilote entièrement à l'aide de la télécommande Bluetooth de couleur noire, agrémentée de touches d'accès direct à Netflix, Prime Video et YouTube.
Le projecteur est livré avec une mallette de transport en polystyrène qui, bien qu'elle le protège, ne brille pas par son esthétisme.
Le Page One fonctionne sous une interface Google TV avec un magasin d'applications dédié. Après la configuration du Wifi et le renseignement du compte Google, le projecteur prend en charge la configuration de l'appareil.
J'ai installé VLC et Kodi pour pouvoir lire les fichiers vidéos présents sur mes disques durs formatés en FAT32 à partir de la prise USB du projecteur. Cependant, bien que l'appareil reconnaisse l'architecture de sauvegarde, il est impossible d'accéder à mes fichiers. J'ai dû utiliser un lecteur externe relié en HDMI au projecteur pour pouvoir les lire, et j'ai remonté ce défaut au constructeur.
Contrairement à ses concurrents LCD LED chez Dangbei ou Wanbo, le Xming dispose de toutes les options nécessaires pour calibrer son image. Le point blanc peut être réglé avec un réglage sur 2 points (Gain et Bias) de l'échelle de gris, mais il dispose aussi d'une configuration plus fine sur 11 points. Une gestion du Gamut sur les 3 dimensions de l'espace couleurs est également présente (teinte, saturation et luminosité).
C'est particulièrement intéressant car la fidélité colorimétrique n'est souvent pas la priorité des développeurs de ce genre de produit. Les modes images proposés en sortie de boîte sont les suivants : « standard, film, couleurs vives, jeu, sport ». Un mode utilisateur permet de sauvegarder ses réglages, mais chaque mode est éditable. Le projecteur supporte les signaux 4K HDR10 et HLG, mais compte tenu de sa faible luminosité, je n'en vois pas l'utilité.
Le traitement vidéo fait l'impasse sur l'interpolation d'images, mais comme le projecteur supporte nativement les signaux 1080p24 sans conversion, cette impasse n'est pas pénalisante. Pour la gestion des jeux vidéo, une option ALLM est disponible, ainsi qu'une réduction de l'input lag à travers un mode jeu spécifique. Le Page One n'est pas compatible avec les signaux 3D.
Bruit de fonctionnement et qualité du système sonore intégré :
Ce modèle fonctionne sous une seule puissance de LED, il n'y a pas de mode économique. J'ai donc procédé à une seule mesure de bruit qui révèle un niveau de 39,9 dB, ce qui est plutôt élevé. Le bruit de refroidissement des ventilateurs est notable, et dans ces conditions, vous comprendrez que je ne puisse le qualifier d'appareil discret.
Le système Audio Boston Acoustics intégré est convaincant avec une scène sonore qui ne défavorise pas les voix au profit des effets. S'il permet effectivement de se passer d'un système externe en déplacement à domicile, mieux vaut l'aider avec une barre sonore ou un ampli externe, surtout si votre pièce de diffusion est grande.
Consommation électrique :
Là encore, la mesure sera unique pour les mêmes raisons que celle isolée du bruit de fonctionnement (pas de modes de puissances différenciés). Le Page One réclame 89,5 W d'électricité pour pouvoir assurer le spectacle. C'est plus que raisonnable, mais ce n'est pas étonnant au regard de la puissance lumineuse revendiquée par le constructeur.
Piqué et précision de l'image :
La mise au point avec le focus électrique permet d'obtenir une bonne précision globale. Toutefois, un léger flou apparaît au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre de l'écran. Il faudra également reprendre au moins une fois le réglage de netteté en cours de visionnage d'un film de 2 heures (perte de focus). Attention, par défaut, le réglage de netteté est trop poussé, certainement pour impressionner le spectateur, mais avec comme principal défaut, la présence de double contours ou de bruit vidéo dans l'image. Vous pouvez vous assurer une image sans artefacts indésirables soit en diminuant la valeur de netteté, ou mieux en sélectionnant le mode PC présent dans le menu image.
Fluidité :
Sur ce critère d'évaluation, le choix d'un panneau LCD est avantageux face au DLP. En effet, les signaux 1080p24 sont reproduits sans conversion à 60 Hz, comme le font les DLP. Le résultat, c'est une image plus fluide sans avoir besoin d'utiliser l'interpolation d'images (cela tombe bien, car il n'y en a pas!).
Input lag :
Le Page One, malgré son mode jeu et son option ALLM, ne parvient pas à descendre en-dessous de la barre des 50 ms qui lui permettrait de bénéficier de la qualification « apte pour le jeu en réseau » délivrée par mondopojos.fr. Je relève un retard de 67,9 ms dans le mode jeu et 61,9 ms avec la fonction ALLM active.
Overscan et effets visuels indésirables :
La mire 1080p de cropping est reproduite par le projecteur avec tous ses détails, donc sans rognage (overscan). L'utilisation d'un panneau LCD évite également la présence d'effets arc-en-ciel.
Colorimétrie et Gamma :
Les réglages usine sont marqués par une image trop froide (à dominante bleutée). Les modes « film et jeu » sont ceux qui se rapprochent le plus de D65 (6500k), mais avec toutefois des températures de couleurs supérieures à 8000k (trop froide). Le Gamut est surprenant pour un projecteur à LED, alors que ce type de source lumineuse doit permettre de dépasser les références HDTV (rec.709). Là, nous sommes bien en-deçà avec 65% de couverture. Contre ça, le CMS intégré ne pourra pas grand-chose, car si on peut réduire un Gamut trop large avec un calibrage adapté, l'inverse n'est pas possible.
Je me suis donc concentré sur l'échelle de gris en parvenant à obtenir une température de couleurs de 6576 K avec un écart deltaE réduit à 1,9. Le Gamma est ramené à la valeur recherchée de 2.2. Ces résultats ont été possibles uniquement en me servant du réglage de l'échelle de gris sur 11 points.
Le Xming Page One est celui qui permet la colorimétrie la plus naturelle face aux Emotn ou Wanbo Mozart.
Contraste et luminosité :
Alors que les petits DLP LED qui pullulent sur le marché affichent souvent un contraste médiocre inférieur à 500:1, le Page One est à l'aise dans ce domaine et ce sans avoir besoin d'une option de contraste dynamique. Elle est pourtant présente, mais n'a aucun effet sur mes mesures, donc autant la désactiver. Je relève après calibrage 1773:1, ce qui est excellent pour ce type d'appareil.
Avec la luminosité, les promesses de 300 lumens Ansi annoncés par la marque sont au rendez-vous dans les modes usine. En effet, j'obtiens un maximum de 304 lumens avec la sélection « standard ». Après calibrage, il ne reste que 235 lumens et dans ces conditions, il faudra vous limiter à un écran de 1m55 de base au format 16/9ème pour pouvoir conserver une luminance minimum de 16 fL. Dans ces conditions, vous comprendrez aisément qu'il vaut mieux éviter la diffusion de sources 4K HDR qui limiterait la taille de l'écran à 1m22 pour assurer une luminance de 26 fL.
Le Page One délivre une image SDR avec deux avantages visuels certains, le naturel des couleurs après calibrage et un contraste vraiment convaincant. Sa technologie LCD assure également une image douce loin de l'agressivité de certains DLP.
Pour ma part, après avoir calibré l'image, j'ai utilisé le mode PC pour obtenir les meilleurs résultats sur sources 1080p SDR. Oubliez le 4K HDR avec ce type d'appareil, même si les signaux sont supportés, la luminosité plus que limitée ne permettra pas d'en profiter sereinement. Au rayon des points positifs, je tenais à signaler une image dépourvue de judder, sans avoir à utiliser une option d'interpolation d'images.
Face aux modèles LED LCD concurrents, le Page One a ma préférence car c'est le seul à être capable d'offrir une image naturelle après calibrage. C'est aussi le seul qui dispose des options permettant le calibrage. Toutefois, compte tenu de sa luminosité réduite, je ne peux que recommander de l'utiliser comme projecteur d'appoint en déplacement. D'autres petits détails m'ont chagriné au cours de ce test, comme un bruit de fonctionnement un peu trop présent et l'impossibilité de lire directement mes fichiers médias depuis la prise USB du projecteur. Néanmoins, à 399€, prix promotionnel actuel, le Xming Page One reste l'un des rares modèles d'entrée de gamme non DLP.
J'ai apprécié :
• Le prix,
• Le contraste,
• Les options de calibrage,
• Les couleurs après calibrage,
• La fluidité.
Je regrette :
• Le bruit de fonctionnement,
• La luminosité,
• L'impossibilité de lire les fichiers médias sur disque dur ou clé USB.
6 Commentaire(s)
Merci! Bon article et bon projecteur LCD à prix abordable.
Merci pour ce test complet Grégory 😉
Joli test pour un très bon rapport qualité-prix; dommage pour la luminosté…serait-il possible de tester le Wanbo X5? Malgré le manque de réglages, il est annoncé Pour 1100 ANSI Lumens (de visu il doit les faire).
Selon certains tests, c’est plutôt la moitié (entre 500/600) en sortie de boite.
Merci pour ce test. Je l avais acheté à sa sortie mais je l ai retourné , je ne supportais pas ce bruit de fond vraiment trop présent dans une chambre.